Piotr Pavlenski – un artiste qui en a !

Lorsque par chez nous, un ou des artistes veulent défendre une cause, bien souvent ils nous font une jolie, mais pas toujours, chanson. Avant il y avait bien l’un ou l’autre pour écrire un pamphlet, mais c’est trop compliqué pour les gens d’aujourd’hui, une chanson c’est mieux.

Mais il y a un pays où on ne fait jamais les choses comme les autres : la Russie. En Russie, lorsqu’un artiste s’engage, il ne le fait pas à moitié. Il s’engage physiquement.

C’est en tout cas, le cas du performeur : Piotr Pavlenski

Son engagement artistique et physique débute le 23 juillet 2012, doux mois d’été, où il décide de se coudre la bouche en soutien aux Pussy Riot. Peut-être que si Les Enfoirés avaient opté pour une telle solution, il y aurait eu moins de polémique autour de leur dernière chanson vu qu’on n’aurait pas compris les paroles.

Mais pas question pour l’artiste de s’arrêter après cette première œuvre engagée, car voilà qu’en mai 2013, c’est l’opération Carcasse durant laquelle il s’entoure, nu, de barbelé devant l’assemblée législative de St-Petersburg pour protester contre un ensemble de lois répressives récemment adopté en Russie. Car explique-t-il :

«Toutes ces lois visent les gens, pas les criminels (…) comme un fil barbelé, elles les gardent dans leurs cellules individuelles »

Évidemment, après une bouche cousue, c’est un peu moins fort et cela doit certainement frustrer Piotr, qui du coup décide de frapper, c’est le cas de le dire, un grand coup. Il lance l’opération, toujours très pertinemment dénommée : Fixation. Il a l’intention de marquer à sa manière la journée nationale de la police, qu’on célèbre en Russie le 10 novembre. L’idée est des plus originale et douloureuse : s’assoir nu, il faut croire qu’il a pris goût à la nudité, sur la place Rouge et se clouer le scrotum (oui, les bourses, vous savez cette poche de peau qui entoure les testicules) entre deux pavés de la célèbre place. L’artiste expliqua sa démarche ainsi :

”En cette journée particulière (…), un artiste nu, regardant ses testicules clouées au sol du Kremlin, est une métaphore de l’apathie ambiante, l’indifférence politique, et le fatalisme de la société russe contemporaine. (…) Ce n’est pas l’anarchie bureaucratique qui prive la société de la possibilité d’agir. C’est la fixation sur ses défaites et ses pertes qui cloue la société au pavé du Kremlin.»

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Chacune de ses prestations lui ayant valu de passer par la case psychiatrie, Il était tout naturel que son œuvre suivante cherche à dénoncer les abus en la matière par le système russe.

Le dimanche 19 octobre 2014, notre artiste décide donc de réaliser une performance, très justement baptisée : Séparation. Nom pertinent car Piotr à décidé de se séparer d’une partie de son anatomie : le lobe de l’oreille droite, le tout perché, nu évidemment, sur un mur d’enceinte de l’institut psychiatrique Serbskiï à Moscou. Pourquoi en arriver là :

« Le couteau sépare le lobe de l’oreille. Le mur en béton de l’institut sépare la société saine d’esprit des malades mentaux. En utilisant de nouveau la psychiatrie à des fins politiques, l’État policier s’approprie le droit de fixer la limite entre raison et folie »

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