Marina Abramovic : L’art de dépasser les limites

Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs,

Aujourd’hui, votre webzine préféré s’attaque à une Papesse des limites. Enfin, en tout cas, des « limites du corps humain ». Et encore, Papesse est un euphémisme pour cette Artiste (excusez la majuscule) particulièrement « choquante » …

Marina Abramovic a tout fait : se taillader un pentagramme dans le ventre, se flageller en public, rester nue sur une croix de blocs de glace, nettoyer pendant des heures des os puants et sanguinolents…. Bref, dépasser les limites pour l’amour de l’art !

Les limites sont une histoire de famille chez les Abramovic. Fille d’un père héros de guerre et d’une mère officier dans l’armée yougoslave, on s’imagine qu’un lit mal fait devait lui couter quelques tripotées dont papa avait le secret. Et pourtant … c’est avant ses 29 ans (âge jusqu’auquel Marina ne pouvait pas quitter la maison familiale après 22h00) que ses œuvres les plus trash ont été réalisées.

Florilège en trois actes :

1 . «Marina, on ne joue pas avec les couteaux !» (1973)

Avouez, elle a du l’entendre quelques fois, celle-là, non ? Et bah première œuvre choquante, à 27 ans, mademoiselle s’amuse à prendre une vingtaine de lames et à faire le « jeu du couteau »


Pour la version longue et ennuyeuse, c’est ici.

abramovic-marina-russian-knife-jeu-couteau-shockyou

Le but du jeu ? Enregistrer les « toc toc toc » du couteau chaque fois qu’il tape la planche de bois et, quand elle rate la cible et qu’elle se le plante dans les doigts, elle change de couteau jusqu’à utiliser les 10 couperets qui lui font face. Fini ? Que nenni. Deuxième round !

Elle recommence l’exercice (sans changer de main, c’est plus comique), mais cette fois-ci en repassant la bande son. But du jeu ? Essayer de reproduire les même bruits (et donc les mêmes erreurs) que lors du premier round. La preuve ci-dessous que quelques pansements ont sans doute été nécessaires.

abramovic-marina-russian-knife-jeu-couteau-shockyou-1

2. « Marina, faut pas critiquer la politique ! » (1974)

Pour évoquer encore une fois les limites de la douleur (et peut-être aussi faire un pied de nez au communisme) Marina Abramovic décide un an plus tard de mettre le feu à une énorme étoile rouge, se coupe les cheveux, les ongles des mains (et des pieds par la même occasion), jette le tout au centre du brasier puis….se faufile entre les flammes pour s’immobiliser au centre de la fournaise, sous le regard ébahi du public. Qui la laisse faire. Alors que l’oxygène se consume et la laisse presque sans vie (on vous rassure, elle fut sauvée de justesse, mais il s’en est fallu d’un poil).

 marina-abramovic-1974-pentagramme-satan-shockyou

 3. « Marina, on fera de toi ce qu’on voudra » (1974)

Oui, absolument tout !

Et cette œuvre est certainement la plus intéressante. Presqu’une « expérience psychologique ». Imaginez le décor :

Une table, Marina, 72 objets (de tout genre allant de la rose au scalpel en passant par du miel, des ciseaux et même un revolver avec une balle) … et  … un panneau qui informe le public qu’il peut utiliser ces objets à sa guise sur l’artiste, laquelle n’offrira aucune résistance.

marina-abramovic-table-objets

Au début, tout va bien….elle se fait chatouiller par la rose, caresser par la plume, puis les choses s’enveniment !

Certains la déshabillent, d’autres lui tailladent le corps ou écorchent son ventre d’épines de rose et un dernier prend même le pistolet (chargé) qu’il met sur la tempe d’Abramovic. Sans qu’elle ne pipe mot.

marina-Abramovic-Rhythm-0-1974

marina-Abramovic-Rhythm-0-1974-shockyou

Chez Shockyou, on se demande si tout ça n’est pas une belle illustration de l’expérience de Stanford.

L’histoire raconte qu’après 6 heures, Marina s’est levée et s’est dirigée vers le public….qui a pris ses jambes à son cou (peut-être de peur de se prendre une branlée bien méritée).

Voilà, il y aurait encore 1000 histoires à raconter sur cette Shock’Artiste de l’extrème ! On pourrait vous parler de ses jeux avec Ulay (on vous en reparlera), son comparse allemand qui déclara :

« Je suis tombé amoureux d’elle quand je l’ai vu se taillader un pentagramme dans l’estomac avec une lame de rasoir »

(quels romantiques ces allemands tout de même. Et dire que certains s’amusent à se parfumer ou à changer leur coupe de cheveux pour plaire !)

Et un petit « je te tiens, tu me tiens par la barbichette »

(en passant tout de suite à l’étape de la « tapette »):


Pour la version longue et ennuyeuse c’est ici.

mais bon, ça sera peut-être le thème d’un prochain épisode.

En attendant, si vous désirez en savoir plus sur Marina Abramovic, un film documentaire  a été réalisé en 2012 : Marina Abramovic, the artist is present.

Laisser un commentaire

Retour en haut