Lila et Valentin

Essayons de décrire ce film avec un discours factuelle et …Factuelle me fait penser à flatulence…Je sais pas.

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Dans l’imaginaire collectif -du moins pour le profane- le court-métrage se résume à un film d’essai pour jeune cinéaste qui se fait les dents dans le métier. Au fil des décennies, les courts-mét’, ont vu une évolution exponentielle tant sur le plan technique qu’esthétique.

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« EST-CE QUE TU SENS CE SOUFFLE DE VIE ? C’EST DEPUIS QUE TU ES LÀ. DEPUIS QU’ON EST RÉUNIS. LA GRÂCE… »

Imaginez, le temps n’est plus là, il n’est plus qu’un sombre souvenir. Durant 19 minutes, 19 minutes de flottement total. Je vous présente Lila et Valentin, deux êtres humains qui ne sont pas liés mais reliés par l’amour. Un amour modelé dans l’esprit d’ Adrien Lhommedieu, le réalisateur de ce coup d’arrêt en plein plexus solaire. Gifle  visuelle, musicale (même si je ne suis pas un adepte de M83 -générique du film) et scénaristique. L’histoire est à cheval entre Tree of life et Inception. Une romance des temps modernes que l’on verrait volontiers sur grand écran.  

Comme le père de Lila le dit si bien: « La grâce c’est le point le plus élevé où tu peux aller avec ton cœur ». Adrien l’a bel et bien touché avec ce film qui balaye en quelques minutes toutes les idées reçus sur les courts-métrages

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Lila et valentin

Lila et Valentin, c’est d’abord deux acteurs.
Julie Prayez: Lila et Simon Dussart: Valentin

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Julie Prayez a eu avec Lila, un rôle taillé sur mesure. Fragile, espiègle, femme-enfant, rêveuse, idéaliste à l’extrême frôlant un égoïsme certain qui donnera le happy-end que nous (je) connaissons.

Simon Dussart, a quant à lui, une belle gueule, sourire carnassier, regard respirant une bonté somme toute évidente. Pour son rôle de Valentin, c’est avec une grande aisance qu’il enfile ce costume de compagnon aimant sans limite aucune, avec une faculté évidente de passer en un changement de regard de la clarté aux ténèbres.

J’ai rarement vu dans un film d’amour « classique » une telle complicité entre les protagonistes. Là, on ne peut que constater une fusion totale, c’est vrai, frais, beau, chaud… On le ressent. On aimerait être à la place de ou Lila ou Valentin et de, l’espace d’un instant, vivre cette passion dévorante à vous en déchirer le cœur, à vous faire sentir vivant. Voilà ce que moi j’ai ressenti, en particulier lors du plan de la danse dans ce bar onirique… L’amour entre ces deux jeunes gens y est palpable.

« Il est toujours réconfortant pour un comédien de savoir précisément ce que veux le metteur en scène, pourvu que cette volonté soit cohérente avec le personnage. C’est exactement ce que nous sommes allés chercher pendant ces répétitions. » -Adrien Lhommedieu.

Il y a aussi Lila enfant… Jouée par Fantine Lamiaux, cette petite puce vit son rôle avec une aisance à faire pâlir les comédiens les plus émérites. Fraîcheur, justesse et… On a envie de lui faire des câlins! ( Ça n’irait pas plus loin qu’une simple amitié…Messieurs les policieeeers héé héé…. -Andréas et Nicolas dans Ours et compagnie)

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Et bien sûr, un personnage que l’on aperçoit de manière succincte mais qui à tout de même une importance de taille, le père de Lila. Cet écrivain qui est parti sans pouvoir achever son oeuvre.. Son oeuvre qui est en filigrane, le fil conducteur de cette histoire. Ce papa qui est sans nom me semble t-il…Je ne fais aucun effort, est joué par Emanuel Del Rey (aucun lien avec la chanteuse croisée avec un canard…), a tout du papa idéal, fort, réconfortant, sage, un charisme et un charme à toutes épreuves…

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Penchons-nous du côté de la production. Il faut reconnaître que Clair de Lune n’a pas lésiné sur les moyens… Il y ont même littéralement mis le paquet !

« LILA & VALENTIN a été un défi dès le départ. L’ambition du projet était forcément en désaccord avec l’économie du court-métrage, mais le coup de cœur l’a emporté sur la raison : à juste titre ! » -Pierre-Antoine Carpentier, Producteur.

« Nous savions que nous aurions besoin de tourner en plusieurs fois pour des raisons météorologiques et financières. En plus de la contrainte des disponibilités de chacun, c’était un pari pour les deux comédiens principaux ! » raconte Stéphane Degnieau, le chef-opérateur.

Les décors, sont les fruits de l’imagination, des souvenirs de Lila. Beaucoup de plan végétal, comme la biblio-chambre, rappel le côté féminin prédominant. les décors sont exploités avec justesse. Les jeux de lumière vous englobe dans un cocon rassurant, chaud comme un nid protecteur. On s’y sent bien. Mais quelque chose d’inquiétant s’y dégage, une sensation de malaise, car nous savons que rien de tout ça est vrai, tout peut s’arrêter d’un instant à l’autre.

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Un autre point intéressant vis à vis des décors, est la pièce où se déroule l’expérience. Elle se situe dans ce qui semble est une cave ou un genre de hangar… Donc, on peut se dire que cette expérience n’est en rien officielle, même illégale ! Et pour cause, l’anecdote, est plutôt intéressante quand on la connaît:

« Le seul décor réel de l’histoire — autre que ceux générés par l’esprit de Lila — est le laboratoire. Nous devions initialement tourner dans un hôpital mais l’autorisation nous a été supprimée dix jours avant le début du tournage. Toutes les séquences de laboratoire ont du être réécrites pour correspondre au nouveau lieu que nous avions trouvé : un sous-sol industriel ! »

 « Le côté low-fi, crade et un peu illégal m’intéressait. Grâce à cette pirouette du destin, ce qui devait d’abord ressembler à une expérience légale dans un cadre hospitalier s’est transformé en opération interdite et artisanale.  Cette nouvelle approche a donné plus de profondeur aux personnages du médecin et de son assistant. Même si ça n’est que rapidement suggéré dans le film, on comprend que le cadre de cette intervention n’est pas très réglementaire. L’urgence et le danger viennent s’ajouter à la narration. » Raconte Adrien Lhommedieu, réalisateur de Lila et Valentin.

Comme quoi, une simple annulation, de la réactivité et beaucoup d’imagination peut faire des miracle de mise en scène!.

LES DÉCORS DE LILA & VALENTIN, C’EST 4 PLATEAUX STUDIO, 15 PERSONNES, PLUSIEURS LIEUX NATURELS ET DEUX MOIS DE CONSTRUCTION.

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« Si tous ces décors sont la matérialisation du chemin que doit parcourir Valentin pour retrouver Lila, le dernier décor du film est l’apothéose de l’imaginaire de la jeune fille. Cette bibliochambre — c’est le nom que nous lui avons donné — est le concentré de toute la psychologie de Lila, c’est la qu’elle se trouve vraiment, la où sa conscience profonde est endormie, fragile, vulnérable. »

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Puissance, amour, libre arbitre; ce sont les mots-clé de ce film. Nous somme projeter dans un tourbillon de sentiments de toutes sortes, dans un nuancier de couleurs, de lumières. Le résultat est bluffant.

Les minutes s’écoulent dans une envolée lyrique matérialisée par ces deux comédiens œuvrant de concert avec un naturel déconcertant. Mais, cela n’est uniquement pas du à la performance bluffante de Julie et Simon ou même d’Adrien mais de toute une équipe travaillant avec passion et grand professionnalisme.

Le cœur est la signature de ce film.

Je ne pense pas que je publierais souvent ce genre de film sur Short Them All. Mais celui-là, je me le devais et je le devais pour Adrien Lhommedieu car force est de constater que son travaille est juste remarquable de techniques et d’émotions.

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Je remercie Adrien pour sa disponibilité, d’avoir répondu à mes questions pour l’élaboration de ce modeste article, et je le remercie également pour sa sympathie, pour sa photo de son assiette…(Je ne suis toujours pas végétarien Adrien).

Je remercie également Julie Prayez, Simon Dussart, Fantine Lamiaux et Emanuel Del Rey, Eric Paul (Le medecin), Merouane Talbi (son assistant) pour les émotions qu’ils nous ont fait passer au travers de cette fantastique histoire, aventure qu’est Lila et Valentin.

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